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III. Dieu, objet d’un choix méritoire



L’homme est dans une situation paradoxale. Il veut nécessairement le bien en général ou la béatitude, et cependant il ne veut pas toujours Dieu qui est pourtant concrètement le Bien absolu, la Béatitude subsistante. Aussi longtemps, en effet, que Dieu n’est pas vu intuitivement et en son essence, il demeure pour l’homme l’objet d’une option libre et par conséquent méritoire.
« Il y a des biens qui sont reliés à la béatitude par un lien de connexion nécessaire ; tels sont les biens par lesquels l’homme s’attache à Dieu en qui seul consiste la vraie béatitude. (La volonté devrait donc leur donner son adhésion tout comme elle veut nécessairement la béatitude). Cependant, tant que la vision de l’essence divine ne nous a pas manifesté avec évidence ce lien de connexion nécessaire, notre volonté n’adhère pas nécessairement à Dieu ni aux biens qui s’y rapportent. Mais la volonté de celui qui voit Dieu dans son essence ne peut pas ne pas adhérer à Dieu, de même que maintenant nous ne pouvons pas ne pas vouloir être heureux. »
(Sum. theol., I, q. 82, a. 2.)
« Y a-t-il quelque mérite à vouloir ce que l’on veut naturellement ?
La nature a mis dans l’homme un désir de la fin ultime prise en général, de manière que l’homme désire naturellement ce qui peut le parfaire ou le rendre heureux. Mais en quoi consiste cette perfection de l’homme — est-elle dans les vertus morales ou intellectuelles, dans les plaisirs ou quelque autre bien de ce genre —, cela n’est pas déterminé par la nature.
Quand donc l’homme, avec l’aide de la grâce divine et en suivant sa propre raison envisage comme sa béatitude un bien spécial dans lequel se trouve vraiment cette béatitude, il accomplit un acte méritoire : non du fait qu’il désire la béatitude, mais parce qu’il se porte vers un bien spécial (la vision de Dieu par exemple), bien qui n’est pas déterminé par la nature mais dans lequel se trouve en vérité la béatitude de l’homme.
Si, au contraire, par une erreur de sa raison, l’homme est amené à désirer comme sa béatitude un bien particulier, par exemple les plaisirs corporels, en lequel ne consiste pas la béatitude, il démérite, non parce qu’il désire la béatitude, mais parce qu’il désire indûment comme béatitude ce en quoi elle ne peut se trouver.
Il est donc manifeste qu’il n’y a de soi ni mérite ni démérite à vouloir ce que l’on veut naturellement, comme la béatitude ; mais il peut y avoir mérite ou démérite selon que ce vouloir naturel du bonheur se porte sur tel ou tel bien concret. Et ainsi, les saints méritent en désirant Dieu ou la vie éternelle. »
(Qu. disp. de Veritate, q. 22, a. 7.)